easy lucky solus – Exposition de Léa de Cacqueray

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easy lucky solus – Exposition de Léa de Cacqueray

Traversée par le rationalisme, la modernité a cherché à banaliser les technologies pour qu’elles soient neutres et objectives. Pourtant, la société actuelle avec ses objets connectés et intelligents influençant nos perceptions et nos modes de communication au quotidien, nous prouve que la technologie se retrouve “chargée de mysticisme”(1) et de croyances. A l’intérieur de ces surfaces lisses et métalliques qui renferment des écrans interactifs, “le cyborg est un être spirituel, la machine est hantée, le cyberespace redouble le monde”, pendant que l’humain travaille “à construire des colonies spatiales qui arracheront les plus chanceux à une terre en perdition”(2), rappelle la philosophe Manuela de Barros. L’appareil technologique s’affirme indéniablement comme un “médium de dévoilement”(3) qui réenchante notre monde en nourrissant nos imaginaires présents et surtout futurs. Même face à sa présence obsessionnelle, souvent polluante, dans chaque recoin du globe, une bonne partie de la communauté scientifique s’en remet toujours aux pouvoirs salvateurs de la géo-ingénierie.

C’est ce champ relationnel ambigu, où la croyance, le désir de magie et la technique s’entremêlent et se façonnent les unes les autres, qu’investit Léa de Cacqueray avec sa pratique de l’installation et de la sculpture. En créant des hybridations qui mélangent certaines formes de rituels divinatoires anciens, tels que l’oracle ou l’hydromancie, avec des formes issues de la robotique ou de la sphère médicale, l’artiste conçoit dès œuvres à l’esthétique high-tech dont la nature se veut cryptique et indéfinissable, propice à une spéculation fictionnelle. Dotées de capacités interactives, ses œuvres intègrent des éléments textuels et sonores ainsi que le mouvement mécanique afin de susciter des émotions indéterminées qui redessinent notre perception du vivant et de l’inanimé. Flirtant avec l’univers de la SF, les œuvres de Léa de Cacqueray interrogent nos rituels et croyances technologiques : entre pouvoir d’aliénation et de libération à s’extraire du réel, comment vivons-nous ces envoûtements qui transportent nos imaginaires toujours plus loin ?

 

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1- GEMELLIS, 195 x 85 x 20 cm (moteur, métal), 2022. Adagp, 2023
2- PANACÉE, 230 x 200 x 90 cm (métal, verre, moteurs, bois), 2020. Adagp, 2023
3- EN COURS, 55 x 60 x 160 cm (acier, câbles, moteurs, peinture), 2022. Adagp, 2023
4- MODULO, 300 x 50 x 65cm (métal, verre, moteurs, led, résine acrylique), 2021. Adagp, 2023
5- ALIÉNATION, 50 x 120 x 20cm (LEDs, métal, tubes PVC, tuyaux), 2021. Adagp, 2023
6- ASTRA- en collaboration avec Claire Olivier, 60 x 60 x 130 cm (céramique, raspberry PI, vidéo projecteur, métal), 2021. Adagp, 2023
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Biographie

Léa de Cacqueray est artiste et travailleuse-associée d’Octopus. Née en France en 1996, elle est diplômée en 2020 des Beaux-Arts de Paris. Depuis, elle a participé à plusieurs expositions collectives à Paris, Marseille et prochainement aux Pays-Bas. Ses recherches plastiques se fondent sur les liens entre innovation technologique, croyance et anticipation. Elle a été l’une des lauréates du prix des amis des Beaux-Arts de Paris en 2020. En 2022, elle a fait partie des nominés au prix Dauphine pour l’art Contemporain avec son binôme Romy Hammond.


1 – Carlos Eduardo Souza Aguiar, La sacralité numérique et la mystique de la technologie, dans Sociétés 2018/1 (n° 139), pages 97 à 108.
2 – Manuela de Barros, Magie et technologie, UV éditions, 2017. (https://moocdigital.paris/cours/magie-technologie)
3 –  C. E. Souza Aguiar, ibidem.